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by Gros Enfant Mort

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1.
La ruine 03:49
Perdu dans le siècle, j’observe mon existence. Confortable, administrée et sous vidéosurveillance. En bons gardiens des mauvaises fois et des inerties, on érige des piloris, de nouvelles guillotines, des fresques sans mémoire à nos semblables au pied du mur. La passion des frontières ne nous sauvera pas de la démesure. L’accélération nous aura perdus avant que le biohacking et les usines de rien nous apportent le salut. On remplit nos bibliothèques d’éloquences souterraines, et pendant ce temps, on achève bien les invisibles. On pourra se féliciter d’avoir criminalisé la cohérence quand on aura fini d’uberiser l’émancipation sous les cendres des utopies. Si retrouver le sens des lieux nous fera pas sortir de l’impasse, on admire au moins les premières brèches dans la forteresse. Chaque seconde qui passe nous rapproche de la fin des tours d’ivoire. Et peu importe la ruine, on arrivera encore à s’anesthésier. Et peu importe la ruine, on arrivera encore à s’autodétruire.
2.
L’humiliation s’est chargée d’anéantir le sentiment d’appartenance. La fiction s’est révélée la seule issue. Notre horizon s’est planqué derrière des murs de silence. Et pourtant rien n’a changé pas même les larmes. Nos addictions ont fait système bien avant que nos instincts aient pris les armes. La pénitence est toujours vaine. Les récompenses sont des passeports pour l’échafaud. Notre lâcheté et notre égo ont institutionalisé la violence depuis le berceau, qu’on le veuille ou non. On pèche par orgueil si on refuse de voir qu’on est tous complices d’une hécatombe. Le bout du tunnel m’a semblé si loin - après les premiers exils. Mais c’est malgré tout en évitant la mort après l’avoir désirée qu’on creuse sa tombe avec les dents. Cinq ans après la débâcle j’ai tué toutes mes illusions, étouffé tous les quolibets, fait un trait sur la parano. Pourtant la nuit est un purgatoire. Je ne me suis jamais cru à la hauteur des morts vivants qui m’ont appris. J’ai beau faire semblant d’y croire encore. Aucune ambition ne m’a grandi. Les échecs comme la fortune apportent avec eux leur lot de honte, on s’y résout la mort dans l’âme.
3.
Plutôt se faire peur que d’accepter la ruine du rouleau compresseur. La mansuétude des derniers rêveurs ne concurrence pas la machine, le totem du mérite comme unique condition à l’estime collective. Toujours chacun sa caste pour la rétribution au concours des esclaves. Les castrations scolaires forment des générations de cadavres résignés. L’avenir est un mensonge si on promet que des fables. On forge nos propres chaines. Mais plutôt se faire peur que d’abandonner les concurrences, la sélection républicaine conditionnée sous formol. Toutes les promesses d’autonomie sont des embuscades qui dissimulent le devenir normé, un allé simple vers l’abattoir. On ne propose rien de mieux qu’un futur en carton quand la terreur sous les hospices nous tient. L’aliénation s’infiltre partout où on rationalise. Pour l’équilibre on décimera jusqu’aux dernières graines. En fin de compte, est-ce que je ne collabore pas un peu à mon échelle ? J’ai beau me convaincre de l’utilité des heures passées dans les classes, à faire résonner la propagande, à entretenir les rouages du dogme, à faire miroiter des jours moins sombres, à laisser croire que tout le monde aura sa place. Je me sens incapable de pouvoir donner les chances pour s’extraire aux hérédités.
4.
Egotropisme 02:38
Plus je veux être moi, plus je ressens le vide. Dans les réseaux des cyber-solitudes se cristallisent nos besoins de reconnaissance détournés. Dans l’impasse du présent s’amoncellent les bulles individuelles, qu’on s’échine à entretenir jour après jour, jusqu’à personnaliser le malheur. Plus je veux être moi, plus je ressens le vide. Les psychologues sont les nouveaux passeurs des corps immatriculés, expropriés par les conventions. Dans le désastre des contemporains, le travail s’est imposé comme unique façon d’exister. La conduite par le bonheur est un leurre consenti. La personnalisation c’est se conformer au modèle du consommateur le plus vorace. On ne partage rien, sinon des codes. Quand adaptation et intelligence sonnent faux, la dépression est une grève, un au revoir. Nos dernières forces pourront sauver que l’étroitesse de nos prismes. L’impertinence c’est exister, coaliser les déserteurs, trouver du sens sous la surface des évidences. Des hypercentres aux cités dortoirs, on abandonne les derniers liens non nécessaires aux dominations. Tous les fantasmes seront bienvenus pour enterrer les derniers songes. Renoncer à l’accessoire est une trahison impardonnable pour la société car c’est le seul moyen d’y survivre.
5.
J’accumule les preuves de ma vacuité dans mes tentatives de transformation pour la bienveillance, pour l’empathie. Même si les épreuves m’ont permis de comprendre un peu mieux les autres, je me sens désarmé pour le quotidien, pour la vie à deux. On cherche dans le couple ce qu’on a perdu dehors, une oasis dans le désert humain. On idéal¬¬¬ise des rapports sociaux plus vrais qu’ailleurs, moins déterminés. Mais l’emprise sur l’autre reste enracinée, les dominations indélébiles. On cherche en vain une béquille durable et un miroir pour soutenir l’égo. Si les illusions résistent encore à la passion, tout ce qu’on peut construire ressemble à une fuite en avant. Aussi impuissants que n’importe qui, on ne pourra pas persévérer dans l’autisme à deux. Je ne pourrai pas être l’unique condition, la seule réponse à ce que tu cherches. Je ne peux pas porter de costume trop grand pour moi mais je n’ai jamais menti en disant je t’aime.
6.
Aussi loin que je me souvienne, mes premiers moments d’adulte ne m’ont pas laissé que de la fierté. Au milieu des vanités reproduites au prix de nombreux cernes, j’ai dû apprendre dans et par l’urgence, dans la fonction sociale de l’exclusion rituelle. Les stigmates de l’accoutumance restent. La prétention à vouloir régir la vie des captifs empêche l’institution de rougir du totalitarisme des asiles. Les rapports au travail et au temps sont façonnés. Les seuls moments d’amour et de vacarme sont clandestins. L’héritage des années vides se compte en heures sur un divan, en pages blanches dans mon carnet d’adresse, en esquisses inachevées. Je me suis même retrouvé incapable de justifier mon existence, tant l’insignifiance de mes appétits était palpable. La supercherie ne s’est arrêtée qu’avec l’expérimentation de l’inutile, de l’absurde jusqu’à overdose. Dans le consentement aux bullshit jobs la dignité agonise léthargiquement dans le futile. J’ai peur d’être rien, moins que rien. Même si l’introspection enferme, j’ai abdiqué, organisé ma délivrance par l’abandon des auréoles, par la quête de sens dans les chemins de croix, par la désertion. Je ne me suis jamais senti aussi vivant qu’au fond du gouffre. La liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. On broie par instinct ce qui nous échappe même si le pire est à venir, Même si le champ des possibles est stérile, l’utopie change de camp.
7.
Même après des milliers d’heures de route, je n’ai toujours pas réussi à témoigner de la gratitude que je dois à certains. Pour m’avoir sorti des constantes macabres, des tranchées de la reproduction, des envies irrépressibles de mimétisme. Au bout du compte, je pense avoir plus appris à leur côté que dans le calme des amphithéâtres. Je conçois que j’aurai pu être ce je maudis, à une rencontre près. J’ai peu de certitudes en ce qui concerne l’avenir si ce n’est que la saveur du passé lui fera défaut. J’ose espérer ne pas avoir fait le tour de la question mais j’ai usé toutes les phases du deuil. Je voudrais avancer mais les meilleurs moments sont derrière moi. On se perd à chercher la satiété alors qu’au fond seule la soif était valable. On laissera tomber toutes nos chimères quand retentira le dernier accord.

about

Solo project, composed and recorded alone.

credits

released July 15, 2019

Available at :
Deux Pieds Deux Dents : 2P2D#028
Fireflies Fall : FF012
Non Ti Seguo : NOTIS016
Jojo Prod : JJPRD02

Mixed and Mastered by Caryl Marolleau

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Gros Enfant Mort Poitiers, France

Solo project

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